26 Nov Au 1er janvier 2018, plus de sécurité pour les cyclistes !
Vous ne vous en doutiez peut-être pas, mais le 1er janvier 2018 est une date très importante pour les cyclistes parisiens. Parce qu’à partir de cette date là, plus aucun automobiliste ne se garera sur les pistes cyclables, aucun scooter ne s’arrêtera sur les sas vélo, et les conducteurs qui frôlent les cyclistes ou leur coupent la priorité seront immédiatement sanctionnés.
Enfin, ça c’est la théorie, mais on peut quand même espérer que ça s’approche de la pratique. Pourquoi ? Comment ?
Petite explication technico-juridico-politique.
En février 2017, le statut de Paris a été modifié par la loi. Jusqu’à ce jour, Paris avait gardé des séquelles de son administration directe par l’État jusqu’en 1977, et le ou la Maire de Paris n’avait pas exactement les mêmes attributions que les maires des autres villes de France, et notamment pas celles de police municipale.
C’est ainsi que le Préfet de Police (rattaché au Ministère de l’Intérieur et donc soumis à l’autorité directe de l’État) était responsable de la circulation ou du stationnement, et non la Mairie.
Cette loi a en partie aligné les prérogatives du ou de la Maire de Paris avec celles de celui de Lyon ou Nantes : un retour progressif au droit commun, en somme. C’est notamment grâce à cette évolution du statut de Paris qu’Anne Hidalgo et le Conseil de Paris ont pu fermer les berges de Seine à la circulation motorisée, ou décider de construire une piste cyclable rue de Rivoli, contre l’avis consultatif du Préfet.
De l’influence du stationnement sur la circulation à vélo
Parallèlement, une autre loi de 2014 a fait passer la gestion du stationnement sous la responsabilité des mairies. Jusqu’à aujourd’hui, ne pas payer son stationnement était une infraction passible, partout en France, d’une amende de 17€. Pas très dissuasif à Paris où la journée de stationnement coûte plus cher que l’amende ! Désormais, ne pas payer son stationnement n’est plus une infraction soumise à cette amende de 17€, mais autorise l’application et le recouvrement d’un Forfait de Post-Stationnement, défini par la Mairie.
Les grandes villes se servent de cette réforme pour prendre enfin la main sur la politique de stationnement. À Paris, le FPS a été fixé à 50€ dans les zones centrales et 35€ dans les zones périphériques. À Lyon, le FPS monte même jusqu’à 60€ !
Par ailleurs, comme il ne s’agit plus d’infractions, le contrôle du stationnement peut être confié à un opérateur privé, comme c’est le cas de nombreux services publics (déchets, crèches…). C’est en cours à Paris, ce dont la Mairie attend d’importantes recettes complémentaires (seulement 10% des automobilistes payent leur stationnement aujourd’hui !), et moins de voitures ventouses.
Plus de contrôle dans les rues de Paris grâce aux ASP
En parallèle, le fait de confier le contrôle du stationnement payant à des opérateurs privés permet aux Agents de Surveillance de Paris ou ASP (familièrement appelés les “pervenches”), dont c’était l’une des tâches, de se concentrer sur d’autres actions et notamment la lutte contre le stationnement gênant ou très gênant (35 et 135€ d’amende). Il ne faudrait pas que mal se garer ne devienne moins risqué financièrement que de ne pas payer !
Ainsi, près de 1800 ASP vont, à compter du 1er janvier 2018, quitter le giron de la Préfecture pour passer sous la responsabilité de la Mairie de Paris (qui en réalité payait déjà les salaires de ces agents sans en avoir le contrôle). Ils seront intégrés à la DPSP (Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection), aussi appelée « brigade anti-incivilités ».
Un impact attendu sur la sécurité des cyclistes
C’est là que ça intéresse vraiment les cyclistes : les ASP vont être en charge de surveiller et de verbaliser tous les comportements interdits et/ou dangereux dans la rue. Ce qui comprend les déchets sauvages ou les mégots jetés sur le trottoir. Mais aussi et surtout tout ce qui peut mettre en danger les cyclistes, et que Paris en Selle espère voir sanctionné et verbalisé en priorité :
- le stationnement gênant sur les pistes cyclables (coucou les #GCUM et #AlloMichel)
- la circulation des 2RM sur les pistes et bandes cyclables, ainsi que dans les couloirs de bus
- le respect des sas vélo
Outre les agents présents sur le terrain, une partie du personnel aujourd’hui affecté au traitement administratif devrait aussi être affecté à des actions de vidéoverbalisation.
L’enjeu n’est pas seulement le respect du Code de la Route, mais un réel apaisement de la ville. Après une phase de « pédagogie », qui ne manquera sans doute pas de créer des polémiques sur la « pompe à fric » (qui, pour rappel, ne seront que des amendes sanctionnant des actions illicites), on peut souhaiter que le comportement des automobilistes et motards évolue, vers plus de partage de l’espace et de respect des usagers plus fragiles dont font partie les cyclistes. C’est aussi une dimension importante du Plan Vélo : un réseau de pistes cyclables est indispensable, mais son respect par les usagers motorisés aussi !
Le maire-adjoint aux transport, Christophe Najdovski, a indiqué à plusieurs reprises que le respect des infrastructures cyclables serait l’une des missions prioritaires de la partie des 1800 ASP qui sera affectée à la police de circulation et devrait être placée sous sa responsabilité directe. Avec la vidéoverbalisation annoncée sur la piste Pompidou, ou encore rue de Rivoli, ce ne sont pas les occasions qui devraient manquer.
A quand une brigade à vélo ?
Avec la multiplication des infractions graves constatées, et les nombreux incidents entre automobilistes ou 2RM et cyclistes, il y a urgence. Nous percevons tous l’augmentation du nombre de vélos dans les rues, et en attendant des infrastructures cyclables complètes, il devient urgent que les comportements dangereux pour les cyclistes soient sanctionnés. En attendant peut-être la création d’une vraie brigade à vélo pour les infractions mettant en danger les cyclistes, comme à Vancouver ou à Toronto.