18 Fév Grands Boulevards, grand gâchis
Le projet de pérennisation des coronapistes laisse un trou béant de 500 m sur le boulevard Saint-Martin. Moins d’une semaine après la publication des résultats du Baromètre où les répondants dénoncent le manque d’ambition de la Ville de Paris, David Belliard a présenté, au nom de la majorité municipale, un projet de piste cyclable sans piste cyclable sur un axe majeur du Plan Vélo parisien adopté en novembre dernier.
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Paris 100 % cyclable ? La promesse de campagne de l’exécutif parisien ne sera pas tenue : les élus ont choisi les Grands Boulevards, l’un des axes les plus stratégiques et prioritaires du Plan Vélo, pour enterrer cet objectif.
Le projet de pérennisation des coronapistes des Grands Boulevards (entre la place de la République et le boulevard Haussmann), présenté en réunion publique mardi 15 février, laisse un goût amer aux usagers du vélo. Les élus ont renoncé à aménager le boulevard Saint-Martin, sur près d’un demi-kilomètre dans le sens de circulation est-ouest. Les cyclistes ne disposeront pas de piste cyclable séparée du trafic automobile et devront circuler dans la voie bus, sur cet axe pourtant structurant du réseau cyclable parisien.
Cette rupture majeure de l’itinéraire freinera toutes celles et ceux qui veulent se déplacer à vélo en sécurité, sans être frôlés par des bus ou des taxis. Impossible d’y circuler avec des enfants, très inconfortable et anxiogène pour les autres.
L’espace disponible sur les Grands Boulevards est contraint et implique, pour y faire un projet vélo continu et sécurisé, de trouver de la place, en supprimant une voie – donc un sens de circulation automobile – ou en faisant passer ailleurs les bus. Face à ces contraintes, refusant de prendre de la place à la voiture, les élus ont choisi de faire du vélo une variable d’ajustement. Comme à la grande époque, au premier rétrécissement, le vélo est éjecté, vers un « itinéraire alternatif » que personne n’a demandé à prendre (la rue René-Boulanger). Tant pis pour le détour, les piétons, les pavés ou simplement la lisibilité des itinéraires.
La coronapiste, que les élus se proposent de pérenniser à l’identique, est l’une des moins réussies de la capitale et les Grands Boulevards continuent d’être identifiés comme un véritable point noir par les répondants au Baromètre des Villes Cyclables, malgré la présence de la coronapiste. Sur le reste de l’axe, le projet retenu comporte des pistes unidirectionnelles de chaque côté d’une largeur trop faible, qui ne sera pas à même d’accueillir le volume de vélos, actuel et à venir.
Extrait du Baromètre des Villes Cyclables :
à gauche en rouge, les points de difficulté rencontrés par les usagers du vélo
à droite, les commentaires laissés par les répondants
Si c’est à l’aune de ce projet que se mesure l’ambition politique de la Ville de Paris en matière de vélo, il est désormais clair que celui-ci n’est plus une priorité. En refusant de réduire la place de la voiture, les élus font le choix d’un axe qui restera encombré, bruyant, et pollué. Alors que le projet de Zone à Trafic Limité (ZTL) s’enlise, c’est un nouveau raté pour l’amélioration du cadre de vie des habitants de Paris.