13 Juin Maires d’arrondissement : comment sont-ils jugés sur le sujet du vélo ?
Du 5 au 31 mai, Paris en Selle a diffusé un sondage concernant le bilan des maires d’arrondissement parisien en matière de vélo, et les priorités d’aménagement pour la prochaine mandature, dans chaque arrondissement.
Cette enquête a reçue 1730 réponses, à 77% de parisiens, âgés de 18 à 49 ans pour 85% d’entre eux.
Nous révélons ici les résultats concernant l’appréciation des maires d’arrondissement.
Le classement des parisiens
Le sondage réalisé par Paris en Selle permettait à tous les répondants de sélectionner, parmi tous les maires d’arrondissement, les 3 qui lui apparaissent comme les plus favorables au vélo.
Ce classement reflète donc à la fois les actions que le ou la maire d’arrondissement a pu mener concernant le vélo, mais aussi l’appartenance politique et l’efficacité de la communication autour de ces actions.
Ariel Weil, maire du 4ème, ressort incontestablement en tête de ce classement : son soutien au Plan Vélo d’Anne Hidalgo, notamment sur la rue de Rivoli qui traverse le 4ème, en est sans doute un facteur essentiel.
On peut rappeler que la Mairie du 4ème a également investi dans un nouveau revêtement de chaussée sur cette même piste de Rivoli et aussi installé une pompe et d’une station d’auto réparation.
La tête du classement est occupée uniquement par des maires de la majorité municipale : en seconde place, Jacques Boutault, maire EELV du 2ème arrondissement.
Derrière lui, un trio de maires PS, tous soutiens et proches d’Anne Hidalgo, bénéficient également des pistes créées dans leur arrondissement et de leur expression en faveur de leur installation : Alexandra Cordebard (10ème), François Vauglin (11ème) et Carine Petit (14ème) ont également porté localement le sujet du vélo.
Parmi les maires d’opposition, Philippe Goujon (15ème) et Delphine Bürkli (9ème) sont devant, mais loin derrière les maires de la majorité municipale.
En fin de classement, les maires des arrondissements les plus aisés, mais aussi les moins cyclables, et dans lesquels peu de projets vélo ont vu le jour.
Le classement des habitants
Notre sondage posait la question du lieu d’habitation, et de l’appréciation que les parisiens ont de leur maire d’arrondissement, en matière de politique vélo : plutôt favorable ou plutôt défavorable.
Le résultat présente des nuances importantes par rapport au classement des parisiens : l’appréciation locale, des citoyens qui observent et sont directement concernés par la politique favorable, ou non, au vélo, jugeant parfois différemment de l’ensemble des parisiens.
Afin d’homogénéiser les résultats entre les différents arrondissements, qui n’ont pas tous la même taille, nous n’affichons pas de score détaillé, mais identifions 4 groupes.
Les maires très pro-vélo (plus de 75% d’appréciation “favorable au vélo”) | |
4ème | Ariel Weil |
11ème | François Vauglin |
10ème | Alexandra Cordebard |
14ème | Carine Petit |
12ème | Catherine Baratti-Elbaz |
On retrouve dans ce groupe de tête les mêmes maires qui sont jugés favorables au vélo par tous les parisiens. Ils soutiennent la politique d’Anne Hidalgo en la matière et ont aussi mené des projets dans leur arrondissement.
Les répondants expliquent leur choix par le développement de nouvelles pistes dans chaque arrondissement : bd. Voltaire dans le 11ème, rues Alain et Vercingétorix dans le 14ème ou encore la “création de pistes cyclables et contresens cyclables” dans le 10ème.
Les maires plutôt favorables au vélo (plus de 50% d’appréciation “favorable au vélo”) | |
19ème | François Dagnaud |
13ème | Jérôme Coumet |
9ème | Delphine Bürkli |
2ème | Jacques Boutault |
3ème | Pierre Aidenbaum |
On retrouve dans ce second groupe des maires de la majorité municipale, qui sont jugés favorablement par les répondants pour de nouvelles pistes (av. de Flandre dans le 19ème) ou leur côté “favorable au vélo en général” (à propos de J.Coumet) tout en regrettant parfois “le peu d’aménagement sur des axes important (av. des Gobelins, bd. de l’Hôpital)”. Pour certains, dans le 2ème ou le 3ème, “ils ne voient pas de changement”.
On remarque aussi la présence de Delphine Bürkli, maire du 9ème et première maire d’opposition, dont la “généralisation des zones 30” a été remarquée positivement.
Les maires plutôt défavorables au vélo (moins de 50% d’appréciation “favorable au vélo”) | |
18ème | Éric Lejoindre |
15ème | Philippe Goujon |
17ème | Geoffroy Boulard |
5ème | Florence Berthout |
On notera dans ce groupe la présence du maire du 18ème, pourtant dans la majorité, auquel les citoyens reprochent “le manque d’action locale pour la cyclabilité”.
Dans le 15ème, Philippe Goujon se voit crédité de la piste rue Lecourbe, mais on lui reproche aussi de “faire toujours passer le vélo après tout le reste dans les projets de réaménagements” ou encore “l’absence d’amélioration du réseau cyclable”.
Même type de réactions pour la maire du 5ème, à qui les cyclistes reprochent “l’absence de volonté d’aménagements structurants”, malgré “l’impressionnante piste cyclable sur les quais” (le Réseau Express Rive Gauche – NDLR). De même, “aucune action constatée”, “pro bagnole”, ou “aucun aménagement” sont les reproches faits par les cyclistes au maire du 17ème, Geoffroy Boulard.
Les maires anti-vélo (moins de 25% d’appréciation “favorable au vélo”) | |
6ème | Jean-Pierre Lecoq |
20ème | Frédérique Calandra |
1er | Jean-François Legaret |
8ème | Jeanne d’Hauteserre |
7ème | Rachida Dati |
16ème | Danièle Guazzi |
Il y a là les “mauvais élèves”, notoirement et publiquement réfractaires à la plupart des projets vélo, tels que Jean-François Legaret (1er) ou Rachida Dati, dont les concitoyens du 7ème ont bien noté le fait qu’il n’y ait “aucune piste cyclable, [et son] opposition au REV Rive Gauche”, ou encore “d’être 100% anti-vélo”.
On remarquera la présence dans ce dernier groupe de Frédérique Calandra, maire du 20ème. “Aucun aménagement cyclable dans l’arrondissement sur la mandature”, “c’est le néant”, “aucune action concrète” sont quelques-uns des commentaires sur son action. “Je n’ai rien vu évoluer pour le vélo en termes d’infrastructure dans cet arrondissement. La rue des Pyrénées, principale artère du 20ème est tout bonnement un scandale pour le cyclisme”, indique ainsi l’un des répondants habitant le 20ème.
Edit du 14/6/2019 : un sympathisant a fait cette carte qui synthétise ces résultats, et comme on la trouve chouette, on l’ajoute là.
Pourquoi ce sondage ?
La politique cyclable parisienne est menée essentiellement par la Mairie de Paris, mais Paris en Selle souhaite mettre en évidence le rôle important des maires d’arrondissement.
La gestion quotidienne de la voirie, dont il ont la charge, leur capacité d’investissement en la matière, leur rôle en matière de plan de circulation ou d’aménagement des quartiers, et surtout leur influence, positive ou négative, vis-à-vis des projets de l’Hôtel de Ville sont essentiels dans la transformation de Paris en une ville plus cyclable.
Les résultats du sondage reflètent d’ailleurs largement, et assez logiquement, l’ampleur et la qualité des projets cyclables menés sur leur arrondissement. Mais ces projets ne sont pas seulement financés ou conçus par la Mairie de Paris, ils doivent aussi être portés, soutenus et exploités pour, localement, poursuivre le développement du vélo comme mode de transport quotidien.