09 Jan 2017 : n‑ième « année du vélo » manquée
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Proclamée « année du vélo » par Anne Hidalgo, 2017 aura surtout vu fondre les ambitions du Plan Vélo : retard accentué, qualité insuffisante et nombreux projets purement et simplement abandonnés. Il y aura fort à faire en 2018 pour faire de Paris une capitale mondiale du vélo avant les prochaines élections municipales.
L’une des promesses phares de la mandature d’Anne Hidalgo est de tripler le nombre de déplacements à vélo à Paris. Pour y parvenir, un Plan Vélo a été voté mi-2015, à l’unanimité. Pour suivre l’avancement de ce plan, Paris en Selle a construit l’Observatoire du Plan Vélo (planvelo.paris) qui montrait qu’à peine 4 % (4,5km) des aménagements cyclables prévus avaient été réalisés à l’issue de l’année 2016. Anne Hidalgo et Christophe Najdovski, son adjoint aux déplacements, avaient alors annoncé que leurs services allaient mettre les bouchées doubles : 2017 serait « l’année du vélo ».
Que s’est-il passé en 2017 ?
Le lancement des travaux sur la rue de Rivoli et le boulevard Voltaire constituent les bonnes nouvelles de 2017. Ces réalisations, sur des axes stratégiques de la Capitale, étaient très attendues ; leur implémentation devrait être de qualité. Il y a également eu d’autres réalisations (Arago, Grande Armée, Voie George Pompidou, Buffon, Turbigo), mais qui demeurent marginales. En un an le pourcentage d’aménagements cyclables réalisés est passé de 4 % (4,5 km) à 12 % (14 km) : à ce rythme, le Plan vélo ne sera réalisé qu’en… 2027 !
Surtout au-delà de cet objectif quantitatif, Paris en Selle note que la qualité des aménagements cyclables est souvent décevante, avec de nombreux points noirs. Un tiers des projets déjà réalisés sont de qualité insuffisante. Des voies bus sont présentées et comptabilisées par la mairie comme des « aménagements cyclables » alors que ces itinéraires anxiogènes excluent d’office 95 % des pratiquants potentiels de la petite reine, terrifiés à l’idée de cohabiter avec des poids lourds et des taxis pressés. Aujourd’hui, les voies bus ne peuvent plus être considérés comme des voies cyclables.
Enfin, et c’est le plus grave, la liste rouge des projets abandonnés s’est considérablement étoffée : 17 % des travaux prévus dans le cadre du Plan Vélo sont abandonnés. Un quart du Réseau Express Vélo ne sera finalement pas réalisé. Avec l’abandon du REV Nord-Sud entre Porte d’Orléans et Châtelet et le renoncement à rendre cyclable l’autoroute urbaine du boulevard Saint-Germain, les cyclistes de la rive gauche sont les grands perdants de « l’année du vélo ». Rive droite, la jonction entre Bastille et Vincennes est abandonnée ainsi que le projet de piste cyclable sur le quai haut.
Les usagers du vélo sont également maltraités dans les autres grands projets d’aménagement de l’espace public portés par la mairie, tels que la reconfiguration des places de la Madeleine ou de la Nation, la grande restructuration de la Porte de Montreuil ou encore le projet Bus de « Rocade des Gares » qui prévoit de faire circuler les vélos… dans le couloir d’un Bus à Haut Niveau de Service (ligne 91) !
Le déploiement des zones 30 et la mise à double sens pour les vélos souffrent eux aussi d’un retard considérable, de même que les projets vélos votés par les Parisiens lors des différentes éditions du budget participatif sans que la mairie de Paris ne soit capable de fournir un planning. Certaines rues comme la rue du Château d’Eau, l’une des plus empruntées par les usagers du vélo, attendent leur coup de peinture depuis plus de 2 ans.
Enfin, l’installation des 10 000 places vélo prévues en 2015 est gelée à cause d’une pénurie d’arceaux vélo, visiblement non anticipée par les services municipaux. Très attendu par tous ceux qui montent leur vélo au 6ème étage ou qui tout simplement aimeraient en acquérir un, le programme de stationnement résidentiel sécurisé (type vélobox), ne sera pas prêt avant 2019. Un premier appel d’offres a échoué : la mairie n’ayant pas tenu compte des recommandations de sobriété de Paris en Selle, les montants proposés par les entreprises étaient trop élevés.
Cet état des lieux catastrophique n’a pas empêché la mairie d’annoncer dans le cadre de son Plan Climat que Paris serait « 100% cyclable dès 2020 » et lors de la conférence de presse sur le climat avec Arnold Schwarzenegger que 2017 était « l’année où l’on a construit 120 km de voies cyclables ». La communication positive autour du vélo ne peut se substituer à un travail concret d’amélioration des conditions de déplacement : les usagers du vélo qui subissent chaque jour l’hostilité de la voirie parisienne ne supportent plus les annonces triomphantes et les promesses intenables.
2018 : Le vélo et ses usagers enfin pris au sérieux ?
Le bilan de 2017 est clairement négatif, et déjà l’année 2018 s’annonce compliquée. La transition vers le nouveau Velib’ est un cauchemar pour les usagers : 80 stations au lieu de 600 « disponibles » au 1er janvier, appli inutilisable, service client injoignable, tarification en hausse… Rappelons que le syndicat Velib’ n’a jamais associé les associations d’usagers, à aucun moment du projet. La proposition d’indemnisation des abonnés lésés est dans ce cadre tout simplement méprisante.
Malgré tout, Paris en Selle reste fidèle à sa positiv’ attitude. Fin 2017, le directeur de la Voirie et des Déplacements a été remplacé. La nouvelle directrice a immédiatement souhaité nous rencontrer et nous a adressé des signaux encourageants quant à son volontarisme. Le projet de piste centrale sur les Champs-Élysées est heureusement abandonné au profit de pistes cyclables latérales, plébiscitées dans notre enquête auprès de plus de 1100 usagers (été 2017). Une partie des Agents de Surveillance de Paris, récupérés par la ville, sera placée sous la responsabilité de Christophe Najdovski qui s’est engagé à améliorer le respect des aménagements cyclables, tâche que la Préfecture de Police avait complètement abandonnée. Cette dernière promesse constitue un grand espoir pour les cyclistes.
Paris en Selle, fidèle à ses principes, reste déterminé à faire du vélo une évidence dans la métropole parisienne : participation au collectif « Libérer Leclerc » (liberer-leclerc.paris) pour faire entendre raison au Préfet du Police qui s’oppose à l’apaisement de l’entrée sud de Paris, contribution constructive à la qualité des projets et à l’avancement du Plan Vélo, participation aux opérations de sensibilisation au respect mutuel des usagers dans la rue et poursuite du fact-checking citoyen sur les sujets vélo.